ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Numéro spécial
Le French Shore 1713-1904 - La pêche sédentaire sur les côtes de Terre-Neuve
Jacques Lévêque de Pontharouart Présence internationale à Terre-Neuve au XVIe siècle
Peter E. Pope Le petit nord du XVIIe siècle une description inédite de la pêche française transatlantique
James Hiller Le French Shore et les traités franco-anglais
C.J.A. Carpon Voyage à Terre-Neuve 1847 (extraits)
Roland Le Huenen Le voyage à Terre-Neuve de Gobineau et la question du French Shore
Comte Arthur de Gobineau À propos de « mi'kmaq (micmac) man » (extrait)
Edward Tompkins Le capitaine Georges-Charles Cloué hydrographe du XIXe siècle
Scott Jamieson Julien Thoulet à bord de la Clorinde en 1886, souvenirs de voyage à Terre-Neuve
Yves Leroy Paul-Émile Miot marin et photographe à Terre-Neuve iconographie du French Shore
Jean-Pierre Martin Le French Shore côte française de Terre-Neuve
Ronald Rompkey Sans moyens visibles les gardiens terre-neuviens et la pêche française
Jean-Pierre Castelain Les « médecins de Terre-Neuve » au French Shore une histoire à écrire
H. Lugand L'assistance maritime au point de vue des secours médicaux et de la lutte contre l'alcoolisme (extrait)
Yves Duboys Fresney Les armements malouins et la fin du French Shore
Françoise Enguehard Les petits pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon au French Shore
SOMMAIRE :
Éditorial
1904-2004, cent ans - Par le Traité de Londres du 8 avril 1904, la France abandonne les droits de pêche sur le French Shore qu'elle détenait depuis le traité d'Utrecht de 1713. Pour les armements français à la grande pêche une page de l'histoire de cette grande aventure maritime se referme. Quatre siècles de pêche française sur les côtes de Terre-Neuve se terminent dans un désintéressement quasi général ; depuis toujours, l'histoire maritime de la France est faite de ces tristes renoncements.
À la fin du XIXe siècle, le désintérêt des armateurs métropolitains pour les côtes de Terre-Neuve est déjà bien engagé. Le temps est loin où, à Saint-Servan, on tirait au sort tous les cinq ans l'affectation des baies ou havres de pêche sur la côte Ouest de Terre-Neuve où Malouins et Granvillais pratiquaient la pêche sédentaire.
Bien que les Fécampois soient peu concernés, puisque pratiquant plutôt la pêche errante sur les bancs, ils s'émeuvent de la désolation du French Shore et de l'abandon progressif de ces baies que les pêcheurs de morues considèrent comme leur territoire ; aussi, en 1898, par solidarité ils tentent ... un grand coup, afin que nous ne soyons pas chassés définitivement des endroits précieux où nous ne venons plus ... Ils achètent un petit trois-mâts terre-neuvier dans le port voisin de Saint-Valéry-en-Caux, le Jean-Agathe, et l'arment pour le French Shore. Le but est que ce navire, armé d'un nombre décent de marins, se fasse voir tout autour des baies du French Shore et, pour occuper le terrain y construise ...un coquet pavillon en bois de 8 m de long, 4 m de large, aisément démontable, avec un drapeau au fronton pour montrer que les Français y sont toujours... maison préfabriquée qu'on a fait construire par la scierie Touzet. Quant aux matelots, ils pécheront des bulots et, éventuellement, un peu de morues. Bien évidemment, le droit à la prime allouée par l'État pour les armements à la grande pêche n'est pas oublié. Drôle de combinaison bien inutile : on ne voit pas ce que cette action isolée pouvait produire et, comme on l'a vu, le French Shore sera bel et bien abandonné.
Cent ans après cet abandon, la communauté française de Terre-Neuve et du Labrador se souvient et des cérémonies de commémorations auront lieu à la fois en France et Outre-Atlantique. On l'a dit, Fécamp n'a jamais armé pour la pêche sédentaire ; mais l'association Fécamp Terre-Neuve, dont le but est de maintenir vivants les liens entre ce grand port d'armement morutier et l'archipel, se devait de marquer cet anniversaire en consacrant un numéro spécial à l'histoire d'une aventure maritime si mal connue des Français.
Ce numéro des Annales du patrimoine de Fécamp est en outre le numéro anniversaire des dix ans de la revue, numéro spécial auquel des auteurs d'Outre-Atlantique ont souhaité participer, et qui a pu voir le jour grâce à l'aide de l'Ambassade du Canada et de la Société 2004. Nous souhaitons exprimer tous nos remerciements à Françoise Enguehard et à Ronald Rompkey qui, de l'autre côté de l'océan, en ont été les fervents défenseurs. Grâce à eux, cette contribution fécampoise aux célébrations « du fait français à Terre-Neuve et au Labrador » fait l'objet d'une parution en langue française et d'une parution en langue anglaise. Elles sont le premier signe tangible de rapprochement, premier signe des liens renoués avec l'archipel de Terre-Neuve. Espérons que d'autres suivront !