ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
GEORGES JOSEPH CHRISTIAN SIMENON
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1-page 9 : C’était juste en face du chalutier Océan, amarré à quai, près d’une file de wagons. Des lampes à acétylène pendaient aux agrès et des gens s’agitaient dans la lumière crue, déchargeant la morue qui passait de main en main et qu’on entassait dans les wagons après l’avoir pesée.
Ils étaient dix, hommes et femmes, sales, déchirés, saturés de sel, à travailler. Et devant la bascule un jeune bien propre, le canotier sur l’oreille, un carnet à la main, pointait les pesées.
Une odeur rance, écoeurante, qui ne s’atténuait pas quand on s’éloignait, s’infiltrait, rendue plus sourde encore par la chaleur, dans le bistrot.
2-pages 26-27 : Ils passaient près de l’Océan qu’on continuait à décharger et qui, à marée haute, dominait le quai de sa coque noire. Sur le gaillard d’avant, trois hommes, le torse nu, se lavaient et parmi eux Maigret reconnu P’tit Louis.
3-page 35 : Le port était à peu près vide. L’été tous les bateaux sont à Terre-Neuve, sauf les barques de pêche qui font le poisson frais le long de la côte. Il n’y avait que l’Océan à profiler sa silhouette sombre dans le bassin et c’était lui qui saturait l’air d’une forte odeur de morue.
Près des wagons, un homme en guêtres de cuir, en casquette à galon de soie.
-L’armateur ? demanda Maigret à un douanier qui passait.
4-page 43 : Maigret arrivait sur la plage, apercevait sa femme assise dans un fauteuil transatlantique à rayures rouges et, près d’elle, Marie Léonnec qui cousait.
Quelques baigneurs, sur les galets blancs de soleil. Une mer lasse. Et là-bas, de l’autre côté de la jetée, l’Océan, à quai, la morue en vrac qu’on débarquait toujours et les matelots maussades aux phrases pleines de réticences.
5-page 46 : Yport :C’est un village au pied de la falaise à 6 kilomètres de Fécamp. Quelques maisons de pêcheurs. Quelques fermes alentour. Des villas, pour la plupart louées meublées pendant la saison d’été, et un seul hôtel.
Sur la plage, à nouveau des maillots de bain, des gosses et des mamans occupées à tricoter ou à broder.
6-page 52 : Yport : C’était l’atmosphère banale des vacances : des parasols rouges, des robes blanches, des pantalons de flanelle et un groupe de curieux autour d’une barque de pêche qu’on tirait sur les galets à l’aide d’un cabestan.
Les falaises claires à gauche et à droite. Devant, la mer, d’un vert pâle ourlé de blanc, et le murmure régulier de la vaguelette du bord.
7-page 57 : il n’y avait plus que des familles, sur la plage qui exhalait la douceur d’un soir d’été. Un bateau noir gravitait insensiblement sur la ligne d’horizon, pénétrait dans le soleil, en ressortait de l’autre côté comme on traverse un cerceau de papier.
8-page 62 :Le bassin vide était un grand quadrilatère noir où ne brillaient que les lampes de l’Océan, qu’on déchargeait toujours.
9-page 67 : Il n’y avait guère que le Rendez-vous des Terre-Neuvas à être encore éclairé. Sur la jetée on devinait quelques silhouettes : des touristes qui faisaient consciencieusement leur promenade du soir.
10-page 90 :Il était deux heures du matin. La nuit était d’un calme irréel. La marée était haute et les barques de pêche balançaient leurs mâts plus haut que le toit des maisons.
Par-dessus tout, le bruissement régulier, vague après vague, du flot sur les galets.
Des lumières crues, autour de l’Océan. On déchargeait toujours, jour et nuit, et les hommes de peine poussaient en s’arc-boutant les wagons de morue à mesure qu’ils étaient pleins.
Le Rendez-vous des Terre-Neuvas était fermé.
11-page 104 : Les couleurs vives des barques de pêche éclataient dans le soleil. Les trottoirs étaient animés.
12-page 107 : Tout en marchant, le jeune fixait l’eau miroitante du bassin. On y voyait s’étirer le reflet du liston rouge, blanc ou vert des bateaux.
13-page 108 : Ils tournaient l’angle du quai et la plage s’étalait devant eux, avec sa digue bien propre, ses hôtels, les cabines et les fauteuils multicolores sur les galets.
Dans une tache de soleil, on reconnaissait Madame Maigret, assise sur un fauteuil transatlantique, près de Marie Léonnec qui portait un chapeau blanc.
14-page 112 : Les baies de la salle à manger étaient larges ouvertes et on voyait la mer pailletée de soleil. Il faisait chaud.
15-page 114 : Il y avait d’autres groupes sur la plage. Mais Le Clinche était le seul à n’avoir pas de pantalon blanc. Il était là en costume de ville, et faisait plus triste encore.
16-page 141 :La marée était basse. Du chalutier, on ne voyait que la cheminée et les mâts de charge. Les wagons avaient disparu. Le quai était désert.
Une barque de pêche, son feu blanc balancé au bout du mât, s’éloignait lentement vers les jetées et on entendait deux hommes qui parlaient.
17-page 141 : Les fenêtres du Rendez-vous des Terre-Neuvas trouaient le quai de deux rectangles lumineux.
La mer était calme. On n’entendait qu’un faible murmure d’eau vive léchant les galets et les pilotis des jetées.
Le commissaire était tout au bord du quai. D’épaisses aussières, celles-là mêmes qui retenaient l’Océan, étaient lovées autour des bittes de bronze.
18-page 145 : Il y eut une note grêle, du côté de la falaise : l’horloge de la Bénédictine qui sonnait une heure.
19-page 145 : Il revit la cheminée du chalutier qui fumait doucement, car on avait allumé les feux. Fécamp était endormi. Il y avait une grande flaque de lune au milieu du bassin. La brise se levait, arrivait du large, presque glacée, comme l’haleine de la mer.
20-page 146 : La marée était basse. Le pont du chalutier était à quatre ou cinq mètres en dessous du niveau du sol. Mais une planche avait été jetée du quai à la passerelle de commandement. Une planche mince, étroite.
Le bruit du ressac devenait plus distinct. Le flux devait commencer, tandis que l’eau blanchâtre rongeait peu à peu les galets de la plage.
21- page 147 : Fécamp dormait.
22-page 161 : Ce n’était pas encore le jour. Mais ce n’était plus la nuit car, sur la mer, les crêtes des vagues se dessinaient en blanc cru. Et les mouettes faisaient sur le ciel des taches claires.
Un train sifflait, en gare. Une vieille femme partait vers les rochers, son panier au dos, un crochet à la main, pour chercher des crabes.
23-page 163 : Le vent était frais, le ciel couvert. Les mouettes volaient au ras de l’eau.
24-page 174 : Il ventait…Les embruns succédaient aux embruns… Parfois une lame venait lécher nos pieds qui glissaient sur le métal gras du pont…
Georges Simenon
Morsang, à bord de l'Ostrogoth, juillet 1931
Au Rendez-vous des Terre-Neuvas, Arthème Fayard Paris 1931
Edition Le Livre de Poche
Pour en savoir plus sur Simenon & Fécamp,
voir article de Claude Menguy in Annales du Patrimoine de Fécamp n° 05 - 1998
Au rendez-vous des Terre-Neuvas
Extraits choisis par Ginou Lebreton dans l'édition « Livre de poche »