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ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Selon Guy Bellet, petit-fils de l'armateur fécampois Adolphe Bellet, les armateurs fécampois qui arment pour le hareng ou le cabotage, ne gardent leurs bateaux neufs qu'entre huit et dix ans ; il en été autrement des armements pour Terre-Neuve.

Ces bateaux de pêche, bien construits, ont une durée de vie de trente à trente-cinq ans et, après quelques transformations, ils font d'excellents caboteurs. Ils sont vendus sur place à des armateurs moins fortunés, ou à des patrons pêcheurs qui arment pour leur compte, mais aussi comme le montre cette étude à des ports extérieurs où ils continuent d'être armés pour la pêche.

S'ils changent d'armement et de ports d'attache, les bateaux ne changent que très rarement de nom, principalement pour éviter les tracasseries administratives que cela occasionne, ce que confirme Louis Lacroix : (...) quand le navire était vendu en France, il était assez rare que ses nouveaux armateurs en fassent changer le nom, car cela entraînait pas mal de complications avec nos administrations.
Henri du Rin le confirme, lui aussi : (...) de nos jours, l'armateur doit avoir exécuté des réparations représentant une somme considérable pour être autorisé à changer le nom de son navire. Il semble qu'autrefois il n'en était pas ainsi, bien qu'en fait ces changements étaient rares.

Seuls les navires qui venaient de l'étranger changeaient de nom ; une superstition, tenace chez les marins, voulait que changer le nom d'un navire portât malheur.

Le meilleur exemple de conservation des noms de navires est celui des noms formés par les initiales de leurs propriétaires ; au milieu du XIXe siècle ces drôles de noms ne sont pas rares. Selon Louis Lacroix : (...) beaucoup de navires appartenant à plusieurs associés portaient comme noms les initiales des copropriétaires : A-B-D pour Allaire-Boju-Dambriny, V-G-T pour Vince-Grouan-Tattevin, G-G-M étaient les initiales de son capitaine armateur Gustave Gabriel Morin. Pour les bateaux qui nous concernent,  ce sont les initiales B-C, des associés Brument et Capon, charpentiers de navire, ou G-C, pour Gustave Craquelin armateur.

Notre étude sur les bateaux construits à Fécamp et passés en Bretagne montre que soixante et onze bateaux étudiés ont conservé leur nom d'origine pendant toute leur vie. Elle corrige l'affirmation de Mr. Jean Kerlévéo sur le choix des noms de navires par leurs armateurs ; dans ce cas précis, les noms ne sont pas choisis, ils ne sont que le résultat du transfert des navires. Ceci explique aussi que parfois on trouve deux navires du même nom dans un même port, à la même époque.

Etienne Bernet
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Sources :
- Adolphe Bellet, Histoire maritime de Fécamp. Imprimerie Monmarché, Fécamp 1896.
- Louis Lacroix, Les derniers voiliers caboteurs français. Réédition Éditions Maritimes et d'Outre-Mer, Paris 1978.
- Henri du Rin, Histoire de la pêche dunkerquoise à la morue. Imprimerie Nord Maritime, Dunkerque, 1938.
- Jean Kerlévéo, Paimpol au temps d'Islande. Réédition Chasse-marée, Douarnenez, 1998.