ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Numéro spécial
Terre-Neuve, Saint-Pierre et Miquelon
Jacques Lévêque de Pontharouart Les hauts-normands à Terre-Neuve durant le XVIe siècle
Etienne Bernet Paillasse du matelot, ordonnance du Roy
Yves Duboys Fresney Les établissements à Terre-Neuve d'un armement malouin
Jean Soublin Le voyage à Terre-Neuve de Gobineau
Yves Leroy Le travail des graves à Saint-Pierre, un diorama colonial à l'Exposition Universelle de 1900
Marc Dérible Pipes en terre en mer
Florence Levert Le Jacques de Cette
Yves Leroy L'écriture et les îles, essai de description d'une littérature insulaire
Marc Pabois Notes sur l'architecture privée à Saint-Pierre et Miquelon
Philippe Trannoy Le service de santé à Saint-Pierre et Miquelon
Etienne Bernet L'Arche, un musée pour Saint-Pierre et Miquelon
Mireille Gueissaz Le mémorial de Beaumont-Hamel, haut-lieu de la mémoire terre-neuvienne
René Avenel et Jack Daussy L'incendie du Spitzberg dans le Barachois, souvenirs de Marcel Avenel, chef mécanicien du navire
Lucien Girardin-Dagort Images de Saint-Pierre
SOMMAIRE :
Éditorial
Depuis le temps de la Grande Pêche, celle de la morue, l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon a, de ce côté de l'océan, l'allure d'un lieu mythique : celui où les Terre-Neuvas souhaitaient escaler pour se reposer de « l'enfer des bancs », celui qu'ils racontaient à leur retour et dont beaucoup, maintenant, gardent un souvenir ému, empreint de nostalgie, qu'ils font souvent partager à leur entourage.
Durant des siècles, des liens privilégiés se sont noués entre les deux rives de l'Atlantique nord : « faire Terre-Neuve » désignant les campagnes sur les bancs comme les escales à Saint-Jean de Terre-Neuve ou aux îles de Saint-Pierre et Miquelon porteuses d'une histoire indissociable de la pêche à la morue, c'est-à-dire, aussi, d'un métier à jamais disparu. Mais quelle part d'imaginaire véhiculent ceux qui n'en ont qu'une connaissance indirecte fréquemment enjolivée par le regret de nombreux anciens Terre-Neuvas ? Souvent l'image de Saint-Pierre et Miquelon se brouille, indistincte de celles de l'île de Terre-Neuve et des bancs de Terre-Neuve.
Par contre, aujourd'hui, Saint-Pierre-et-Miquelon vit la répétition d'une crise d'une rare amplitude quant aux conditions de son avenir économique - donc de sa raison d'être, avec cette lancinante question : comment vivre dans les îles sans être des assistés ? Et cette interrogation vitale n'est quasiment pas évoquée publiquement en métropole : indifférence, incompréhension, méconnaissance ? Probablement un peu de tout cela à l'égard de ces îles qui ne font pas « la une » de l'actualité, mais qui restent d'une présence prégnante dans la pensée de quelques-uns, tandis qu'elles-mêmes doivent faire un travail de mémoire pour que le passé n'oblitère pas leur avenir.
Par les écrits et documents présentés dans ces Annales, nous voulons contribuer, à notre mesure, à faire connaître l'archipel et la Grande Pêche en proposant un ensemble d'articles qui sont autant de regards croisés et complémentaires mettant en valeur des aspects oubliés ou peu connus - tel le Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel, territoire canadien enclavé dans les terres françaises, étrange pendant à Saint-Pierre et Miquelon, îles françaises enclavées dans les eaux territoriales canadiennes.
Jean-Pierre Castelain