Uronea

En 1923, la branche bayonnaise de la famille Légasse crée la Sté Ame des Armements Français et Coloniaux, pour pêcher la morue à Terre-Neuve. Le nouvel armement achète trois voiliers : Bassilour, Stella-Matutina, à Saint-Pierre et Miquelon, et Rouzic, qui semble seul être inscrit à Saint-Servan.

En 1924, elle achète le Notre-Dame d’Uronéa, ex-Algarve, ex-Blanche H. Collins, trois-mâts goélette en bois à pont unique, construit en 1918, à Little-Broock en Nouvelle-Écosse (Canada), par les chantiers C.H. Collins. Navire de 503 Tx de jauge brute totale, 491 Tx 36/100e de jauge brute, 388 Tx 98/100^e de jauge nette, long de 49,95 m, large de 10,27 m pour 4,15 m de creux.

C'est aussi en 1923 ou 1924 que la société "La Morue Française et Sécheries de Fécamp" met en place une société de consignation, filiale qui armera en France des navires d'armements proches, notamment ceux de la Société des Armements Français et Coloniaux. Le Notre-Dame d’Uronéa sera le premier navire armé en consignation à Fécamp par La Morue Française et Sécheries de Fécamp, pour la campagne de 1925.

En 1925, le Notre-Dame d’Uronéa, armateur la société des Armements Français et Coloniaux de Bayonne, enregistré à Saint-Pierre et Miquelon et commandé par le capitaine François Varlet, est armé à Fécamp pour Terre-Neuve en consignation par La Morue Française et Sécheries de Fécamp. Il quitte Fécamp le 19 mars.

Il va faire cinq campagnes à Terre-Neuve, au départ de Fécamp commandé par le capitaine Varlet, avant d'être basé à Saint-Servan, en 1930. En 1929, le 26 mai, alors qu'il est en pêche, le navire-hôpital Sainte-Jeanne-d'Arc des Œuvres de Mer, l'aborde lui faisant des avaries et le remorque jusqu'à Saint-Pierre et Miquelon.

En 1930, deux navires sont armés à Saint-Malo par Jean Légasse, en consignation par La Morue Française, pour Terre-Neuve et le Groenland : Bassillour et Notre-Dame d’Uronéa commandé par le capitaine Hulaud qui quitte Saint-Servan le 6 mars. En 1933, les trois navires de la société des Armements Français et Coloniaux, toujours inscrits à Saint-Pierre-et-Miquelon sont armés à Saint-Malo : Izarra, Bassillour et Notre-Dame d’Uronéa commandé par le capitaine Joseph Letort.

Le 8 mai, en pêche sur les bancs, le Notre-Dame d’Uronéa sombre, une voie d'eau s'étant déclarée à bord ; l’équipage est heureusement recueilli par le voilier anglais Chesleyr, de St. John (Saint-Jean de Terre-Neuve). Ce dernier, à court de vivre, remet l’équipage au quatre-mâts Zazpiakbat lui aussi en pêche, le capitaine Aristide Ollivier note :“le 9 mai 1933, à 12 heures 30 le trois-mâts Chesleyr de St John passe près de nous ayant à bord l’équipage du Notre-Dame d’Uronéa. Le capitaine vient à bord et, après échange de radio avec la Sainte-Jeanne (le navire-hôpital), transbordé l’équipage en vue de son rapatriement sur Saint-Pierre”.

La nouvelle du naufrage du Notre-Dame d'Uronéa est communiquée à Saint-Malo par L'Ouest Éclair par les deux télégrammes suivants : Le premier était un radio du Zazpiakbat, via Saint-Pierre : "Uronéa coulé, voie d'eau, équipage sauvé, Letort". Le second venait de Bayonne, siège de l'armement : "Uronéa coulé, équipage sauvé par Zazpiakbat. Rapatrié Saint-Pierre par Sainte-Jeanne".

Les 37 naufragés du Notre-Dame d'Uronéa sont rapatriés en France, via New York, par le paquebot Paris ; paquebot attendu au Havre dans la nuit du 25 au 26 mai. Le dimanche 29 mai, ils sont tous de retour dans leurs foyers. Ce navire, vieux de quinze ans, comptait neuf campagnes à Terre-Neuve dont cinq au départ de Fécamp. Un autre navire du même nom le remplacera pour la campagne de 1934.