Slipway

« Le 5 juin 1931, le navire La Champagne (62m de long sur 8m30 de large) alors désarmé, est gracieusement prêté à la Chambre de commerce par son propriétaire Jérôme Malandain pour les premiers essais, couronnés de succès, du slipway enfin réalisé » nous dit Jean-Pierre Balier dans son excellente étude sur le port de Fécamp (2006).

Dès 1912, la Chambre de commerce de Fécamp s'est mobilisée pour s'offrir cet équipement indispensable ; contractant même un emprunt de 200 000 francs en 1913 pour y parvenir. Mais la guerre retarde le projet, qui n'aboutit qu'en 1931.
Dans son édition du dimanche 14 juin 1931, le journal « La Pêche maritime » précise :
« Le slipway a été essayé la semaine dernière avec le chalutier Champagne prêté par son armateur. Les essais sont concluants et le slip sera prochainement utilisable.»
« Il convient de signaler l’énergie avec laquelle le président de la chambre de commerce M. Gustave Vasse a poursuivi les études de ce slip et sa réalisation. »
Le premier navire à l’utiliser est le chalutier Orage.

Le slipway est quasiment détruit par l'occupant allemand le 31 août 1944. Le rapport d’intervention des pompiers (Archives municipales, AMF PW1643) indique :
« …à 22 heures, explosion au slip de carénage d’une torpille marine d’ailleurs suivie de deux autres dans le courant de la nuit à 0h15. Dégâts matériels importants dans les quartiers avoisinants et notamment boulevard de la République... »

Dès 1945, on entreprend de le restaurer. « La Pêche maritime » du 15 avril 1946 écrit :
« Les travaux de remise en état du slipway gravement endommagé par les allemands se poursuivent activement. Cinquante mètres de berceau ont été réparés, et un premier navire (un remorqueur du Havre) est monté sur le slip. »

Des années 50 aux années 90, des dizaines de navires et chalutiers de moyen ou fort tonnage sont montés sur le slipway de Fécamp, comme en témoignent de nombreuses et fascinantes photographies.

Selon Irène Neveu dans un article du journal « Le Progrès de Fécamp » du 23 mars 2002, c’est en novembre 2001 que « le conseil portuaire de la Chambre de commerce de Fécamp programme la destruction du slipway devenu dangereux et de l’usine Filextra. Pour ces deux opérations, un crédit de 91 469,41 euros a été mis en place avec une subvention de 45 734,71 euros.»

L'exemple de la Rochelle : construit pendant la dernière guerre par les troupes d’occupation allemande, le slipway de La Rochelle est classé « Monument Historique » le 13 décembre 2002 ; il sert désormais pour l’entretien des bateaux du patrimoine, générant ainsi une intéressante activité portuaire d'appoint.
Le port de Fécamp ne saura pas saisir la même chance : dès 1993, le slipway est laissé à l'abandon, et sera démoli en mars 2002 pour permettre l'installation, annoncée comme imminente, d'un « roulev » qui, dix ans après, n'est pas encore arrivé.
Pendant ce temps, Dieppe répare les navires de Fécamp grâce à son « roulev » et la port d'Étaples fête les 40 ans du sien...