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ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Dans la soirée du 6 novembre 1884, à marée basse, un poteau s'est rompu sur l'un des vantaux de la porte de l'écluse. Les deux vantaux ont été arrachés, l'un après l'autre, par la poussée de l'eau et une énorme masse d'eau s'est précipitée dans l'avant-port. Les navires terre-neuviers étant en hivernage, le bassin Bérigny était plein et, dans un fracas épouvantable, plusieurs bateaux ont rompu leurs amarres.

À la suite du sinistre, MM. Chédru et Craquelin, négociants-armateurs, et Colinet, pêcheur, ont entamé une procédure contre l'Etat, afin d'être indemnisés. Deux navires de M. Chédru : le trois-mâts Bois-Rosé amarré aux pieux 47 à 50 du quai de l'Entrepôt, chargé de son sel pour la prochaine campagne : "(…) dans son mouvement de recul a heurté violemment le mur de l'écluse", l'arrière du bateau a été fortement endommagé ; le trois-mâts Haïti, amarré aux pieux 7 et 10 du quai Bérigny, a simplement tourné sur place et s'est échoué. Pour ce dernier, l'armateur émet des réserves en attendant une expertise.
M. Craquelin, propriétaire du dundee Régina-Coeli chargé de sel, déclare des avaries plus importantes. Emporté dans le mouvement général, le navire a franchi l'écluse puis est passé sous le pont avec un élan irrésistible. Il a été démâté en passant sous le pont  : "(…) ses mâts brisés ont été renversés sur le pont comme des épis de blé couchés par le vent", il s'est échoué ensuite dans l'avant-port.
Quant à M. Colinet propriétaire du canot Jeune-Henri n° 950, il déclare que, par suite de l'écoulement rapide de l'eau, les amarres qui retenaient le canot au quai se sont rompues, et le canot a été entraîné en mer à la dérive, on ne l'a plus revu. Pour ces navires, l'ingénieur des Ponts et Chaussées constate qu'à chaque fois, les amarres n'avaient pas été transfilées et dénonce l'absence de gardien sur ces navires !.
Un bateau s'est heureusement mis sans le vouloir en travers de la passe et tous ceux qui avaient cassé leurs amarres sont venus l'aborder, plus ou moins brutalement. Il est extraordinaire que l'accident n'ait fait aucune victime. D'autres ont eu des avaries plus ou moins graves, tel le remorqueur Humboldt qui, lui aussi, a rompu ses amarres dans l'avant-port et est allé s'échouer au plein.

Sources
- Léopold Soublin, Cent ans de pêche à Terre-Neuve. Ed. Henri Veyrier, Paris, 1991. p. 554.
- Charles Pollet, Éphémérides Fécampoises. Imprimeries L. Durand et Fils, Fécamp 1914.
- Archives départementales de Seine-Maritime - sous série 4 S - 4 S 1417.
Etienne Bernet / © Édition Association Fécamp Terre-Neuve
La reproduction d’extraits de ce texte est autorisée sous réserve d’en mentionner l’auteur et l’éditeur.
Fécamp, rupture des portes du bassin Bérigny - image de presse.
Interprétation de Jules Koerner, d'après une photographie de Charles Gombert.